La plus grande majorité d’entre nous, les gens innocents et les gens sains, les gens comme il faut et les gentils, se sentent si bien dans leur intérieur standardisé de magazine. Ils le retrouvent comme un sein accueillant à la fin de leur journée à affronter le monde extérieur. Tous ces gens-là le savent mais ne veulent pas le voir. Malgré leurs œillères, ils savent que leur maison si hospitalière n’est pas universelle ; les yeux clos, ils ne veulent pas voir qu’entre certains murs il n’y a aucun réconfort. Aucune chaleur humaine. Aucune paix. Ils savent au fond d’eux qu’en certains lieux, il se passe des atrocités. Des animaux maltraités. Des enfants qui crient. Des mères qui pleurent. Des avortements forcés à coups de pieds ou de poings, des harcèlements moraux, des violences conjugales, des viols, des féminicides, des attouchements, des overdoses, des délivrances… Des vies mutilées.
Mais ils ne veulent pas savoir, alors je veux leur faire imaginer. Imaginez ce qui peut se passer entre ces murs sales, dans ce village reculé, derrière cette couche de crasse qui floute la réalité. Ne vous êtes-vous jamais demandé ce qui pouvait se passer d’horrible à l’intérieur, hors des yeux ? Probablement pas, car ce serait remettre en cause nos propres croyances, nos publicités, nos promesses d’une vie rêvée. C’est ce que je cherche à questionner à travers cette série. Il y a ce flou et ce bruit entre le regardeur et le bâtiment, comme un voile entre ce que l’on sait au fond mais ne souhaitons surtout pas voir. Il y a ces volets clos et ces dépendances en ruines qui nous rappellent que tout ne peut pas (ou ne veut pas) être vu. Il y a ces dégoulinures, comme des larmes. Il y a ces trainées comme des gifles, brutales et coupantes. Et ces formes fantomatiques, comme la trace de souvenirs violents. Ces maisons qui hurlent au loin et desquelles on ne veut surtout pas approcher. Ce sentiment qu'au fond, nous sommes tous pareils. Que nous le sommes tous. 
Des personnes qui se sentent abandonnées, privées de tout secours…
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